Conjuguer le temps plein et le temps partiel pour mutuellement se dé-fragiliser

Sep 13, 2022 | Gestion

Je lisais le commentaire d’un pompier à temps partiel sur une page web hier et ça m’a longuement fait réfléchir.

Qu’on se le dise : Le Québec a besoin de pompiers à temps plein ET de pompiers à temps partiel. Les deux. Point. Final.

Les pompiers à temps plein, c’est la force de frappe. C’est l’efficacité sur deux pattes. C’est l’efficience à cause des inspections périodiques de véhicules sur les quarts de travail, de l’entretien des équipements en attente des appels, de la prévention résidentielle des incendies entre deux tâches administratives, et de cette paix d’esprit d’avoir au moins quelques pompiers présents rapidement sur les lieux d’une intervention pour intervenir sur un appel médical (premiers répondants) ou pour assurer la sécurité des citoyens lors d’une intervention d’urgence. Sauvetage, Évacuation et Reconnaissance.

Tous les pompiers vous le diront : Quand t’échappes ton intervention avec tes quatre premiers pompiers en garde interne, t’es là pour la long run de plusieurs heures parce que l’intervention risque d’être longue. Très longue. T’auras alors besoin de renfort. T’auras besoin de bras.

J’abordais justement la silencieuse démission des pompiers dans un article précédent : La silencieuse démission des pompiers – Icarium. La réalité est que le taux de rappel des pompiers à temps plein (ou en garde interne) est anémique. Tu dois alors te fier sur la garde interne de tes voisins ou sur les pompiers à temps partiel de ta région immédiate pour t’aider. En fait, la réalité, c’est que les services de moyenne envergure sont beaucoup plus fragiles qu’ils peuvent le croire. Ils ont besoin des petits services autour d’eux pour faire face aux événements fondés. L’inverse est aussi vrai.

Puisqu’on ne peut pas implanter de pompiers à temps plein dans toutes les petites municipalités de moins de 10 000 habitants du Québec dû à des contraintes financières et/ou humaines, on peut y assigner des pompiers à temps partiel… ceux qu’on peut recruter du moins… MAIS nous avons également la responsabilité morale de prévoir le renfort de nos pompiers à temps partiel par des pompiers à temps plein provenant des moyennes/grandes villes limitrophes pour avoir une certaine assurance-quiétude, et par de l’entraide AUTOMATIQUE avec les services à temps partiel à proximité pour avoir plusieurs intervenants sur place pour prêter main forte.

Personnellement, en tant que directeur incendie, que le gars ait un flasher vert, un collant de la croix de malte dans son pare-brise, une plaque de pompiers à l’avant de son pick-up, un t-shirt plein de flammes, un tattoo de pompiers dans le dos ou même une coupe Longueuil sur la tête, ça m’est complètement égal : Je veux juste que ce pompier à temps partiel soit là, qu’il soit formé et qu’il soit sécuritaire pour lui-même, pour les autres pompiers et pour les citoyens en route pour l’intervention. Point. Final. Cessons de se diviser sur ce sujet SVP.

La cohabitation entre les pompiers à temps partiel et les pompiers à temps plein est inévitable, c’est une force qui doit être exploitée à son plein potentiel par les autorités municipales, et qui doit être optimisée dans notre grand Québec peu peuplé. Les municipalités ont tout avantage à implanter une desserte de pompiers en deux temps dans leurs régions : soit un petit noyau fort d’intervenants en garde interne qui assureront une présence rapide et efficace sur les lieux d’une intervention OU qui assureront un back-up fiable auprès des pompiers à temps partiel des petites municipalités, et un pool agile de pompiers à temps partiel qui arriveront possiblement après les pompiers déjà en caserne dans la ville-centre, mais qui assureront le nombre de bras nécessaire à l’instauration d’une approche sécuritaire lors des interventions d’envergure.

C’est ça aussi, le #Brotherhood.

Patrick Lalonde

Patrick Lalonde

Author

Diplômé en gestion à HEC Montréal et en Leadership public à la Kennedy School de l’Université Harvard, Patrick Lalonde a occupé plusieurs emplois à titre de gestionnaire dans les secteurs privé et public avant de démarrer la firme ICARIUM Groupe Conseil. Non seulement enseigne-t-il la gestion à HEC Montréal aux étudiants du baccalauréat et du MBA depuis plus de 20 ans, tant en français qu’en anglais, mais il collabore depuis 2004 avec une multitude d’organisations à développer le plein potentiel en gestion de leurs dirigeants par le biais de formations, de coaching et de services-conseils.