Le leadership du pompier d’expérience

Jun 7, 2021 | Urgence

Cet article se veut une traduction libre de l’auteur d’un post par Casey Clinkscales sur le site web de FireEngineering le 14 décembre 2017.

Retournons à notre première journée de travail ou au moment même où nous avons reçu notre équipement de protection individuelle après avoir été accepté comme pompier volontaire au sein de notre service de sécurité incendie. À partir de ce moment-là, il y a toujours eu cette personne qui travaillait déjà à cet endroit depuis un bon moment, comptant beaucoup d’expérience, qui prenait sous son aile les nouveaux employés ou tous ceux qui voulaient l’écouter. Nous pouvons probablement tous regarder en arrière et se rappeler qui était ou est encore notre mentor. Il nous a enseigné ce que cela signifiait d’être dans cette grande profession. La fierté de ce que nous avions ou qui nous étions. De nous apprendre les traditions datant d’avant que nous commencions et qui avaient été maintenues pendant de nombreuses années. Comment être un membre discipliné de ce grand service public que nous appelons le «service de sécurité incendie». Mais surtout, à ce moment-là, il nous a appris les différentes significations de ce qui compose ce fameux mot que nous avons tous déjà entendu à plusieurs reprises dans le service de sécurité incendie, soit le mot « Fraternité ».

Maintenant, prenons un autre pas en arrière pour un instant. Pensons au nouveau gars qui entre au sein du service de sécurité incendie d’aujourd’hui. Certains d’entre vous viennent tout juste de se repousser loin de l’ordinateur ou de laisser tomber vos téléphones en marmonnant d’un seul souffle que ces nouveaux pompiers ne valent pas le prix de leurs uniformes que nous leur payons. Par contre, analysons leur premier jour de travail comparé à notre premier jour de travail. Une nouvelle recrue fraîchement sortie de l’école des pompiers ou qui vient tout juste de terminer sa formation minimale se présente pour son premier jour à la caserne et nous avons automatiquement des attentes irréalistes à partir du moment où nous posons les yeux sur celui-ci pour la première fois. Il arrive avec un bagage de cours sous la ceinture et nous nous attendons à ce qu’il monte à bord des véhicules et qu’il soit prêt à partir avec le même niveau de connaissances qu’il nous a fallu des années pour apprendre. Alors, est-ce vraiment la jeune génération qui tue les services de sécurité incendie ou est-ce l’ancienne génération qui oublie d’où elle vient et comment elle a été intégrée à ses tout débuts… ou sommes-nous en train de nous sauver de notre travail de mentorat?

Nous, en tant que pompiers d’expérience, avons la responsabilité de prendre en charge chaque nouvelle recrue sous notre aile et de leur enseigner les méthodes de travail ainsi que la façon de grandir au sein de ce métier. Nous devons nous ramener sur terre et commencer à avoir des attentes réalistes envers les recrues, à établir des normes et à prôner par l’exemple. Quelqu’un a pris le temps de nous encadrer et c’est pourquoi nous pouvons dire qui nous sommes et ce que nous sommes aujourd’hui… parce que quelqu’un a pris le temps de poser sa tasse de café ou de thé et de nous montrer comment rester en vie.

Alors pourquoi ne pas donner au nouveau gars ou à la nouvelle fille les mêmes opportunités que nous avons eues en intégrant le service. Afin de ramener le service de sécurité incendie là où il était auparavant, nous devons recommencer à enseigner ce qu’est un service de sécurité incendie. Nous devons retourner à l’essentiel dans tous les aspects du service de sécurité incendie. Leur enseigner à être fiers d’eux-mêmes, des camions et de l’équipement qu’ils utilisent et du nom qu’ils portent sur leur uniforme.

Nous devons instaurer de la discipline car il est plus facile de les garder à l’abri des problèmes que d’essayer de les sortir du pétrin. Nous devons leur montrer les traditions et leur expliquer la signification de chacune d’elle, implantées par ceux qui nous ont précédés. Nous devons tirer les boyaux des camions pour leur apprendre à les déployer et à les ranger tout en leur expliquant pourquoi on fait ainsi en fonction des situations auxquelles nous sommes confrontés. Nous devons leur enseigner l’art de lire la fumée et comment le feu progresse. Nous devons leur enseigner les diverses coupes à effectuer dans la ventilation verticale et encore plus important, le moment, l’emplacement et la raison pourquoi nous ventilons ou non. Nous devons également les mettre à l’épreuve sur le positionnement des véhicules et sur l’opération de l’autopompe. Commençons par les fondements du métier et construisons vers le haut.

L’évaluation de notre leadership viendra du nombre de personnes que nous avons aidé à réussir et non de notre grade.

Donc, à partir de maintenant, pour chaque nouvelle recrue ou pour chaque nouveau collègue qui nous demande conseils, ne lui tournons plus le dos. Réallumons cette étincelle, cette passion, que nous avions lors de notre premier jour au travail. Démontrons notre amour du métier, influencons ceux qui veulent être influencés, et réenseignons ce qu’est le service de sécurité incendie aux nouveaux et même aux vieux qui ont perdu cette étincelle qu’ils avaient autrefois!

Aimons notre travail, vivons notre travail et enseignons notre travail!

Lien original de l’article : http://community.fireengineering.com/m/blogpost?id=1219672%3ABlogPost%3A643533

Patrick Lalonde

Patrick Lalonde

Author

Diplômé en gestion à HEC Montréal et en Leadership public à la Kennedy School de l’Université Harvard, Patrick Lalonde a occupé plusieurs emplois à titre de gestionnaire dans les secteurs privé et public avant de démarrer la firme ICARIUM Groupe Conseil. Non seulement enseigne-t-il la gestion à HEC Montréal aux étudiants du baccalauréat et du MBA depuis plus de 20 ans, tant en français qu’en anglais, mais il collabore depuis 2004 avec une multitude d’organisations à développer le plein potentiel en gestion de leurs dirigeants par le biais de formations, de coaching et de services-conseils.