Les officiers d’aujourd’hui ont davantage de responsabilités

Dec 17, 2017 | Gestion

Ce post est une adaptation d’un article paru sur Firefighting in Canada le 22 novembre 2017.

Si vous lisez cet article et que vous êtes intéressé par le leadership au sein de services de sécurité incendie, quel que soit votre grade, votre âge ou la taille de votre service de sécurité incendie, vous savez que notre profession a changé de façon significative au cours des dernières années. Le mantra comme quoi « les services de sécurité incendie ont su protéger 200 ans de tradition face au progrès » ne s’applique toutefois pas lorsque vient le temps de parler du leadership.

Je pense souvent à ce qui aurait pu inquiéter mon grand-père en tant que chef pompier voilà de ça plusieurs décennies. Il devait certainement faire face à des défis sur les plans opérationnel et financier. Dire que c’était plus facile avant serait à la fois ignorant et injuste de notre part, mais il ne fait aucun doute que les préoccupations d’aujourd’hui sont différentes et plus complexes qu’autrefois. Je n’ai aucun doute que tous les officiers supérieurs des services de sécurité incendie d’aujourd’hui échangeraient probablement une journée sans courriel contre les pressions d’antan.

Les attentes envers la haute direction évoluent continuellement et les dirigeants sont forcés de s’adapter à des changements rapides et implacables. Les attentes, les exigences professionnelles et les contraintes de temps proviennent des nombreux intervenants internes et externes. Répondre aux besoins de nos partenaires est devenu une responsabilité majeure et sans cesse croissante dans nos agendas.

Pourtant, beaucoup d’aspirants officiers omettent de considérer une responsabilité critique mais que les chefs pompiers d’aujourd’hui doivent dorénavant rencontrer. Pouvez-vous deviner quelle est cette responsabilité?

Un indice : le nom en haut de votre talon de paie… votre employeur. . . votre municipalité !?! Les dirigeants sont dorénavant appelés à contribuer au succès stratégique et opérationnel de leur municipalité.

Les chefs pompiers actuels vous diront que la haute direction d’une organisation municipale doit fournir une vaste gamme de services publics de haute qualité tout en respectant de nombreuses contraintes financières. Ceci peut constituer une importante et fastidieuse partie du travail d’un chef pompier. Ces responsabilités peuvent prendre la forme de participations à différents comités, à des réunions de direction, à la gestion de projets complexes ou de toutes autres tâches administratives axées sur la prestation de services municipaux.

L’évolution des attentes de la société et des employés à l’égard du leadership en milieu de travail, les pressions financières, la responsabilisation du secteur public, la diversification des services fournis et l’accroissement des responsabilités en situation non urgentes ont contribué à générer des nouveaux défis auxquels nous sommes dorénavant confrontés. D’un point de vue législatif, en vertu de la Loi en sécurité incendie, le chef pompier est LA personne imputable au conseil municipal qui l’a ainsi nommé afin de fournir des services de protection contre les incendies aux citoyens. Compte tenu de cette responsabilité fort importante, voire critique, la plupart des chefs pompiers relèvent de la direction générale. Le rôle du chef pompier a une visibilité publique et corporative importante, ce qui entraîne de grandes attentes à son égard.

De nombreux gestionnaires municipaux sont tenus de diriger stratégiquement de grands services municipaux avec des budgets de plusieurs millions de dollars, encadrés par des contraintes légales, et doivent faire face à leurs propres défis en matière de gestion des ressources humaines tout en démontrant un sens politique aiguisé. Pour les dirigeants d’un service de sécurité incendie, contribuer efficacement au sein de l’équipe de gestion d’une municipalité peut être une tâche ardue. Bon nombre de nos collègues au niveau de la direction d’une municipalité possèdent une solide combinaison de scolarité et d’expériences en administration. De plus, nos collègues des autres services peuvent compter sur des employés qui possèdent généralement plus d’expérience en administration que ne l’ont nos propres officiers du service de sécurité incendie. Les raisons peuvent varier… que ce soit attribuable à la proximité géographique avec l’hôtel de ville ou à une plus grande expérience passée en administration, notamment au niveau de la rédaction de rapports, la participation à des réunions et la collaboration avec les autres services municipaux.

Habituellement, la majorité de nos officiers supérieurs n’ont l’occasion de mettre en pratique ces compétences qu’après une longue carrière en première ligne dans un contexte d’urgence.

Cela renforce le besoin d’accroître l’exposition des intervenants à la gestion administrative tout au long de leurs carrières. Les aspirants officiers devraient recevoir une éducation sur-mesure adaptée à la réalité d’aujourd’hui afin de comprendre les implications reliées au rôle de chef pompier.

Peut-être que l’ensemble de ces facteurs contribuent à la perception qu’être chef pompier est une fin en soi, limité par un plafond de verre invisible l’empêchant d’assumer un rôle encore plus sénior au sein de l’appareil municipal et/ou gouvernemental. Peut-être que le rôle de DG ou de DGA n’intéresse pas nos collègues des services de sécurité incendie. Il y a peut-être d’autres facteurs qui dépendent des individus et des municipalités impliqués pour expliquer la situation actuelle.

Quoi qu’il en soit, il est important que le développement du leadership au sein des services de sécurité incendie soit axé sur les problématiques, les relations et les défis municipaux auxquels nous sommes confrontés. Essentiellement, ce développement vous obligera à porter deux casques en tout temps: le casque de pompier et le casque corporatif. Grâce à cette meilleure compréhension de la gestion des services de sécurité incendie, nous pourrons non seulement mieux servir la collectivité mais également notre propre service de sécurité incendie.

Lien pour l’article original : https://www.firefightingincanada.com/leadership/leadership-forum-december-2017-25398

Bill Boyes est directeur du service de Sécurité incendie et autres secours de Brampton en Ontario. Il complète présentement un doctorat à l’Université de Toronto, suite à l’obtention de sa maîtrise en politique publique et son baccalauréat en administration publique. Vous pouvez le contacter à bill.boyes@brampton.ca

Patrick Lalonde

Patrick Lalonde

Author

Diplômé en gestion à HEC Montréal et en Leadership public à la Kennedy School de l’Université Harvard, Patrick Lalonde a occupé plusieurs emplois à titre de gestionnaire dans les secteurs privé et public avant de démarrer la firme ICARIUM Groupe Conseil. Non seulement enseigne-t-il la gestion à HEC Montréal aux étudiants du baccalauréat et du MBA depuis plus de 20 ans, tant en français qu’en anglais, mais il collabore depuis 2004 avec une multitude d’organisations à développer le plein potentiel en gestion de leurs dirigeants par le biais de formations, de coaching et de services-conseils.