Un pompier est-il moins pompier à certains moments?

Nov 1, 2020 | RH

Être pompier, c’est accepter de prendre des risques pour sa vie et sa santé, tant physique que psychologique.

La prise de risques…. Ça se monnaye.

Par contre, il est surprenant de constater qu’en 2020, plusieurs services de sécurité incendie choisissent encore de rémunérer leurs pompiers à temps partiel selon plusieurs taux salariaux.

En fait, je ne connais pas beaucoup d’emplois où les candidats accepteraient d’être rémunérés à différents taux… peu importe le secteur. Alors pourquoi serait-ce normal pour un pompier qui risque sa vie sur chacun des appels auxquels il répond? Je me demande d’ailleurs si les élus ou directions municipales accepteraient cette pratique pour leurs propres rôles.

Toujours est-il que cette façon de faire cause de la frustration au sein des brigades de pompiers. Il n’y a pas une semaine qui passe sans que j’en entende parler dans le cadre de mes mandats de coaching ou de formation en gestion.

De plus, imaginez deux secondes la complexité qu’ont les directions de service, elles-mêmes à temps partiel, à tenter de réconcilier les payes de leurs pompiers lorsque ceux-ci sont rémunérés selon :

  • Un taux pour les interventions incendie
  • Un taux pour les appels de premiers répondants
  • Un taux pour les appels de type “sauvetage”
  • Un taux pour la formation obligatoire de type ENPQ
  • Un taux pour les pratiques
  • Un taux pour les entretiens de véhicules
  • Un taux pour les visites de prévention résidentielle
  • Un taux pour les activités d’éducation du public
  • Un taux pour effectuer des tâches ménagères en caserne

C’est un casse-tête qui met les conditions propices pour… les erreurs… et les économies de bout de chandelle.

D’une part, je me permets un petit rappel aux lecteurs : Le salaire minimum est fixé par le gouvernement du Québec… Les dispositions concernant le salaire touchent la majorité des personnes salariées québécoises, qu’elles soient à temps plein ou à temps partiel. Les municipalités ne font pas partie des exclusions à la loi. Ça veut dire qu’ils doivent minimalement faire appliquer le salaire minimum en vigueur au Québec, soit 13,10$ de l’heure, lorsqu’ils rémunèrent leurs employés… peu importe la tâche accomplie. Donc, légalement, un pompier ne peut être rémunéré moins que le salaire minimum pour accomplir une tâche décrite précédemment… et ça inclut la formation initiale si elle est obligatoire.

D’autre part, disons que ça envoie un drôle de message aux pompiers lorsqu’on les paye selon la nature de la tâche accomplie… et qu’on leur fait comprendre implicitement que leur vie vaut moins à certains moments que d’autres?

Disons que sans vouloir dénigrer les municipalités fautives, je souligne ici qu’il s’agit d’une pratique issue d’une époque maintenant révolue qu’elles doivent adresser rapidement si elles veulent assurer la pérennité de leurs services de sécurité incendie. Pourquoi ne pas adopter un taux unique? Non seulement cette pratique faciliterait la gestion du service mais elle lancerait un message fort aux brigades que le travail des pompiers est important… peu importe le moment de la journée ou peu importe la tâche qu’on leur demande d’accomplir.

Patrick Lalonde

Patrick Lalonde

Author

Diplômé en gestion à HEC Montréal et en Leadership public à la Kennedy School de l’Université Harvard, Patrick Lalonde a occupé plusieurs emplois à titre de gestionnaire dans les secteurs privé et public avant de démarrer la firme ICARIUM Groupe Conseil. Non seulement enseigne-t-il la gestion à HEC Montréal aux étudiants du baccalauréat et du MBA depuis plus de 20 ans, tant en français qu’en anglais, mais il collabore depuis 2004 avec une multitude d’organisations à développer le plein potentiel en gestion de leurs dirigeants par le biais de formations, de coaching et de services-conseils.