Combler le vide a un prix. Ne pas le combler aussi.

Nov 2, 2022 | RH

L’humain est complexe.

Parfois, une personne en situation d’autorité peut complètement briser une dynamique d’équipe en peu de temps avec une approche de la relation humaine qui ne convient pas aux attentes de son équipe. Plus cette personne a de l’autorité, plus importants sont les dommages collatéraux causés par ses actions. Remarquez qu’à l’inverse, une équipe peut également décider de scrapper mentalement et physiquement un humain en situation d’autorité lorsqu’elle décide qu’il n’est plus la bonne personne pour répondre à leurs besoins…

Il devient donc nécessaire, voire essentiel, pour un recruteur ou pour une direction municipale (dans le cas d’un poste de direction) de trouver le bon match entre un officier et ses employés. Oui, un officier devra avoir les connaissances, les compétences et porter les valeurs de son organisation, j’en conviens, mais c’est trop simpliste. Il devra également avoir une approche humaine qui fera en sorte que ses collègues et ses propres employés se sentiront en sécurité avec lui.

Heureusement, le droit à l’erreur existe. Par contre, réparer celle-ci par des sanctions qui pourront mener à un congédiement, surtout dans le secteur municipal, relève de l’exploit! Alors aussi bien y penser avant de combler un poste avec le moins pire des candidats parce que la ville, les citoyens et les membres du service de sécurité incendie devront vivre avec les conséquences de cette décision pendant plusieurs années.

PAR CONTRE, vivre avec un poste vacant dans son organigramme, principalement un poste d’officier, c’est aussi se donner une surcharge de travail en tant que patron et c’est créer un trou dans l’organigramme où tout le monde en paiera le prix.

Dois-je vous dire que les équipes de direction au sein des organisations municipales, notamment en sécurité incendie, doivent composer avec une surcharge de travail causée par les nombreux changements législatifs et par la complexification des tâches administratives associées à leurs postes? L’épuisement est palpable dans le milieu… plusieurs directeurs et officiers de gestion sont à bout de souffle. On n’a qu’à voir le nombre assez effarant de postes d’officiers cadres présentement vacants pour le constater. Chacun fait de son mieux pour survivre mais la tentation est grande de se donner une bouffée d’air frais et de combler un trou béant dans son organigramme avec un candidat qui pourrait faire le job avec un peu de coaching.

D’autre part, le patron qui se respecte et qui respecte son équipe ne veut définitivement pas imposer un officier incompétent à ses officiers ou pompiers. D’un, les dommages directs seront instantanés sur l’organisation du travail. Puis, cette incompétence risque de causer des dommages indirects qui feront partir les meilleurs éléments du service à l’usure. On aura alors réglé un problème en causant une crise, ce qui n’est définitivement pas souhaitable pour personne.

Ça m’amène donc à dire que la décision de combler des postes, ou de volontairement les laisser vacants faute de candidats compétents, demeure actuelle. Il n’y a pas de bonne réponse à la question et chaque situation est unique. Par contre, cette problématique vient renforcer notre billet publié en septembre 2020 qui abordait les deux choses que l’on doit retrouver dans TOUS les services d’incendie performants (http://icarium.ca/les-deux-choses-quon-retrouve-dans-tous-les-services-dincendie-performants/), où nous mentionnions l’importance, pour l’efficacité d’un service, de pouvoir compter sur un tandem compétent à la tête de l’organisation et de pouvoir avoir des officiers de gestion qui acceptent de jouer l’entièreté de leur rôle. Lorsqu’un des deux éléments manque à l’appel, c’est l’ensemble des membres du service qui en souffrent.

Une solution possible? Dé-fragiliser les organisations en acceptant de partager une direction compétente entre deux services de sécurité incendie ou entre plusieurs casernes et, pourquoi pas, de mettre en commun un pool d’officiers provenant de divers services de sécurité incendie qui pourraient se partager la charge de travail et/ou la garde externe entre différentes casernes?

Patrick Lalonde

Patrick Lalonde

Author

Diplômé en gestion à HEC Montréal et en Leadership public à la Kennedy School de l’Université Harvard, Patrick Lalonde a occupé plusieurs emplois à titre de gestionnaire dans les secteurs privé et public avant de démarrer la firme ICARIUM Groupe Conseil. Non seulement enseigne-t-il la gestion à HEC Montréal aux étudiants du baccalauréat et du MBA depuis plus de 20 ans, tant en français qu’en anglais, mais il collabore depuis 2004 avec une multitude d’organisations à développer le plein potentiel en gestion de leurs dirigeants par le biais de formations, de coaching et de services-conseils.