Prévenir la mortalité des pompiers par la formation obligatoire

Sep 24, 2020 | RH

On parle régulièrement de la prévention des risques pour la sécurité civile et de la prévention des incendies pour la sécurité incendie.

On ne parle pratiquement jamais de la prévention des morts en service chez les pompiers.

Justement, pour éviter ce genre de situation, le Québec s’est doté, en 2004, d’un règlement sur les conditions pour exercer au sein d’un service de sécurité incendie municipal. Celui-ci oblige les municipalités à former leurs pompiers et à leur donner les connaissances nécessaires afin d’accomplir de façon sécuritaire leur métier : habillement, véhicules, équipements, échelles, techniques de combat. Bref, plusieurs aspects sont abordés afin de préparer les pompiers et officiers à intervenir avec efficacité… tout en étant sécuritaires.

On peut aimer ou non les formations Pompier I, Pompiers II ou celles d’officiers, mais personne ne peut contredire les effets bénéfiques de ces formations obligatoires qui, depuis leur mise en place, auront permis à une génération complète d’intervenants d’apprendre les techniques de combat sécuritaires endossées par les meilleures instances dans le secteur de la sécurité incendie. De plus, le contrôle qu’exerce l’École nationale des pompiers du Québec sur la compétence des instructeurs qui donnent ces formations, par le biais de l’accréditation des formateurs, les audits et les examens de qualification des candidats, constituent une certaine assurance-qualité qui prévient, notamment, l’entrée sur le marché de pseudo-experts qui seraient tentés de s’autoproclamer des spécialistes dans des domaines qu’ils ne maîtriseraient pas… notamment après avoir lu quelques livres ou après avoir assisté à quelques séminaires sur un sujet donné.

Mais former des pompiers et des officiers, et ce malgré l’existence d’une aide financière visant à défrayer une très grande partie des frais de formation, c’est dispendieux. De plus, c’est perçu par plusieurs décideurs municipaux comme étant un frein au recrutement… surtout dans les plus petites municipalités où l’aspirant pompier ne complètera la formation minimale de 275 heures que pour une poignée d’interventions annuellement.

Certains décideurs mal avisés pourraient alors être tentés de vouloir exercer des pressions sur les autorités compétentes afin de vouloir couper l’étendue de la formation et/ou vouloir en réduire sa durée au minimum… mais ce serait mal comprendre l’esprit du règlement en vigueur qui vise d’abord et avant tout à prévenir les morts de pompiers dans une optique de professionnalisation du métier.

Oui… c’est vrai… il existe des formations avec moins d’heures dans d’autres provinces canadiennes et dans d’autres pays… mais ces derniers doivent aussi composer avec davantage de blessures graves et de décès chez leurs pompiers qu’au Québec. Est-ce vraiment ce à quoi on aspire? 

N’oublions jamais que ce sont des pères et des mères de famille qu’on envoie dans des maisons en feu ou qu’on place dans des situations périlleuses afin de sauver des vies, sauvegarder des biens tout en protégeant l’environnement. On a l’obligation, en tant que décideurs, officiers ou même citoyens, de tenter de protéger leur santé en minimisant les risques auxquels on les expose.

Combien valent les frais de formation d’un pompier sur votre compte de taxes municipales? Sûrement moins annuellement qu’un simple café au Tim Hortons. Combien vaut la santé et la sécurité d’un père de famille… d’un voisin… d’un ami…. dans la réalité? Il n’y a pas de prix à une vie humaine.

Il n’y a aucun compromis à faire avec la formation des pompiers. Qu’on se le dise!

Patrick Lalonde

Patrick Lalonde

Author

Diplômé en gestion à HEC Montréal et en Leadership public à la Kennedy School de l’Université Harvard, Patrick Lalonde a occupé plusieurs emplois à titre de gestionnaire dans les secteurs privé et public avant de démarrer la firme ICARIUM Groupe Conseil. Non seulement enseigne-t-il la gestion à HEC Montréal aux étudiants du baccalauréat et du MBA depuis plus de 20 ans, tant en français qu’en anglais, mais il collabore depuis 2004 avec une multitude d’organisations à développer le plein potentiel en gestion de leurs dirigeants par le biais de formations, de coaching et de services-conseils.